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Les villes moyennes sont de retour

Rédigé par ID.CiTé le 18/02/2020



S’intéresser aux villes moyennes équivalait à mettre d’emblée un pied dans la diversité française. Quoi de commun entre Béziers, Alençon et Agen ? Nevers, Douai et Gap ? Ces villes appartiennent toutes à la strate des villes moyennes (entre 20 000 et 50 000 habitants) qui regroupent un quart de la population des aires urbaines françaises et un cinquième de l’emploi total métropolitain, mais chacune s’enracine dans un environnement spécifique ainsi que dans une histoire singulière.

Pourtant, les villes moyennes ont été le pilier de la construction de la nation unitaire. D’abord lieux de concentration de toutes les fonctions productives sous l’Ancien Régime, des commerçants, des artisans, des professions libérales, elles ont été, sous la Révolution, le fer de lance du quadrillage administratif du pays puisqu’elles s’identifient peu ou prou à ce que l’on a appelé "la France des préfectures".


Il apparaît que les villes moyennes sont le point d’équilibre entre les forces centralisatrices et les forces centrifuges à l’œuvre dans notre République.
Dans un contexte de désaffiliation sociale grandissante, le souci des villes moyennes paraît primordial pour préserver les équilibres du pays.

L’essai d’Achille Warnant constitue le fruit de ces réflexions engagées à la Fondation. Il réussit à articuler les résultats de travaux universitaires - à la croisée de la géographie urbaine, de l’histoire, de l’économie, de la démographie et de la sociologie - avec une expérience des politiques publiques, conduites par les collectivités territoriales aussi bien que par l’État dans ces territoires. Il offre une vision lucide et réaliste, loin des représentations fantasmées sur la "métropolisation" ou la "France périphérique" qui forment en réalité les deux faces d’une même médaille, celle de l’ignorance de la diversité des territoires.

Achille Warnant, dans le sillage des intervenants ayant participé aux rencontres organisées par la Fondation Jean-Jaurès, revendique ainsi de porter sur ces villes un regard nuancé. Elles ne forment pas un bloc monolithique, mais s’intègrent dans des "systèmes territoriaux" hétérogènes. Cela justifie une action publique différenciée qui s’apparente à un travail de dentelle. Certains symptômes et défis transversaux, quoique d’intensité variable, apparaissent néanmoins très clairement au fil de sa réflexion : la dévitalisation commerciale des centres, l’étalement urbain, l’urgence de la transition écologique…


Fondation Jean Jaurès - Rapport complet - 2020-02-17